Pour beaucoup, chien nordique égale chien de traîneau. Il est vrai que les hommes des régions polaires n'ont parfois eu à leur disposition que le chien comme animal domestique, et il est donc naturel qu'ils lui aient demandé de tirer le traîneau. Mais il ne faudrait pas généraliser. Si la découverte d'or en Alaska et l'exploration des pôles, à la fin du XIXe siècle, ont concouru à populariser cette fonction, évidemment réservée aux chiens nordiques, il n'empêche que ces derniers sont par ailleurs fréquemment employés à des tâches plus habituelles pour l'espèce canine : la garde, la conduite des troupeaux, la chasse. En Scandinavie, c'est vraisemblablement lorsque s'acheva l'époque glaciaire, il y a douze mille ans environ, qu'apparurent les premières populations, en l'occurence les Lapons. Depuis des siècles, ces hommes essentiellement nomades ont vécu grâce à l'élevage des rennes, qu'ils utilisaient aussi comme bêtes de trait et de bât, rôle dans lequel ces cervidés étaient bien supérieurs aux chiens. On comprend aisément que les chiens des Lapons aient été principalement affectés à la garde des grands troupeaux de rennes, bétail semi-domestique, ainsi qu'à leur protection contre les loups, les ours et autres prédateurs. Le chien lapon est très ancien. Pour bien des spécialistes, il s'agit même d'un des types de chiens les plus anciens qui soient : l'ancêtre de tous les Spitz, y compris les Spitz européens. On a en effet retrouvé dans la presqu'île de Varanger, située à l'extrême nord de la Norvège, un squelette canin, vieux de sept mille ans, qui présente toutes les caractéristiques du Lapphund. On peut donc considérer ce chien comme le maillon essentiel d'une des branches de la généalogie de l'espèce canine, branche qui a pour origine le loup polaire, caractérisé par sa queue enroulée. Du Lapphund descendent vraisemblablement les chiens de type Spitz, aussi bien les Scandinaves que les Européens (autrefois appelés Loulous), originaires des bords de la Baltique, lesquels ont donné naissance au Schipperke, au Pinscher, au Schnauzer. La queue de ces deux derniers chiens révèle d'ailleurs leur ascendance : si on ne la leur coupait pas, elle serait enroulée, comme celle de leurs ancêtres Spitz. On peut également penser que plusieurs races bergères ont quelque peu de sang Spitz dans les veines. Voilà donc le chien des Lapons placé parmi les aïeux de multiples races actuelles. A ce titre, il mérite amplement de figurer dans tout panorama canin prétendant à l'exhaustivité ! Pour autant, on ne peut pas dire que le Lapphund, dont le nom exact est Lappländsk Spets (soit Chien Suédois de Laponie), ait suscité l'enthousiasme des cynophiles. Néanmoins, il figurait déjà, par exemple, dans l'ouvrage du docteur vétérinaire Heuillet "Tous les chiens", paru en 1934, et, à la même époque, les spécialistes suédois se sont préoccupés de son sort, ce qui a permis sa reconnaissance officielle par la Fédération Cynologique Internationale (FCI) en 1944. Il convient de rappeler que le territoire lapon recouvre en fait la partie nord de la Norvège, de la Suède, de la Finlande, et déborde même jusqu'en Union Soviétique. Cependant, les cynophilies suèdoise et finlandaise étant les plus actives, il est compréhensible que ce soit dans ces deux pays qu'on ait donné au chien lapon un statut de race. C'est ainsi qu'existe aussi le Lapinkoïra, ou Chien Finnois de Laponie, qui correspond, à quelques détails près, au Lapphund. Aujourd'hui, le Lapphund ne se rencontre guère chez les Lapons, et on ne le voit figurer que dans les expositions suédoises. Ailleurs, il semble qu'il ne soit présent qu'en Finlande et en Suisse, quoiqu'en très petit nombre. En consultant les statistiques du Livre des Origines Français, on apprend qu'un unique sujet a été enregistré, en 1983, en France. Le Club Français des Chiens Nordiques avoue par ailleurs ne pas avoir connaissance d'autres exemplaires vivant dans l'Hexagone. A défaut, donc, de participer aux expositions canines, le Lapphund pourrait bien concourir dans la catégorie des chiens rarissimes ! |
LES COUSINS Le Lapphund suédois a un "frère" finlandais, le Lapinkoïra (Chien Finnois de Laponie), qu'il ne faut pas confondre avec le Lapinporokoïra, ou Berger de Laponie. Ce dernier est issu de croisements entre chiens lapons et chiens de berger occidentaux (Colley et surtout Berger Allemand). Ce gardien des troupeaux de rennes contre les prédateurs en est aussi le conducteur. Tout à la fois calme, obéissant et énergique, il est officiellement admis dans tous les concours prévus pour chien de garde et de défense. Parmi les autres chiens de garde scandinaves, on peut citer le Buhund Norvégien. Bu hund signifie simplement chien de berger (sur les brebis), mais il fut aussi chien de chasse et chien de ferme. Le Buhund est connu à l'extérieur de son pays, notamment en Grande-Bretagne et jusqu'en Australie. Du Buhund descend sans doute l'Iceland Dog, reconnu par les autorités danoises depuis 1898. Il est devenu très rare dans son pays, mais le Kennel Club britannique l'admet. Quelques spécimens ont été récemment introduits en France. Il existe encore une race scandinave apte à la garde : le "Chien des Goths de l'Ouest" (le Västgötaspets), qui, lui, ressemble moins à un Spitz qu'au Corgi Gallois (Welsh Corgi). Tous les autres chiens nordiques sont soit des chiens de chasse, soit des chiens de traîneau. Pour trouver un dernier "cousin" au Lapphund, il faut, en fait, aller en Allemagne, d'où est originaire le Grand Spitz (ex-Grand Loulou), variété de Spitz Allemand à la silhouette très comparable, avec un poil plus long, cependant, et une structure moins forte ; le Grand Spitz peut être noir, blanc ou brun ; notons que la variété gris loup, le Spitz-loup (ex-Keeshond), mesure 5 cm de plus. |
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